Derriere le meurtre d’un enfant, des histoires de clans, avec un denominateur commun : Monique Villemin, la mere de Jean-Marie.
19 Tháng Mười, 2022
Celle qui vient de s’eteindre, victime emporte avec elle ses secrets.
Son gamin l’a accusee d’avoir protege nos coupables, ou ceux qui savaient. En 2017, Marcel Jacob etait enfile en examen avec sa soeur, Jacqueline, et Muriel Bolle, la belle-s?ur de Bernard Laroche. Depuis, les charges retenues contre eux ont ete abandonnees Afin de vice de procedure. Nous avons eu acces a leurs auditions. Avec la fond de Monique renait l’espoir de voir les langues se delier.
Cela fera des annees que Jean-Marie n’etait pas revenu sur les routes sinueuses de son enfance, au bord de la Vologne, maudite riviere ou fut retrouve son gamin une nuit froide de l’annee 1984.
Ce jeudi 21 avril, il arrive seul au cimetiere de Senones, Christine ne l’a jamais accompagne. Sa s?ur Jacqueline et le frere Gilbert le retrouvent devant la tombe de leur tante, Monique, emportee par la COVID-19, a 88 annees. Elle etait la doyenne d’la famille Villemin, la matriarche d’un clan divise, anime de haines irrationnelles. Elle en connaissait nos secrets et ne nos a jamais livres.
L’ancienne ouvriere textile vivait depuis six mois dans un Ephad, a Baccarat, en Meurthe-et-Moselle, avec Albert, le mari, qui, lui, n’a pu se rendre aux obseques. Avant de tomber dans le coma, elle a echange plusieurs mots au portable avec Jean-Marie, ce fils qui lui a i chaque fois reproche de ne pas avoir tout evoque. Monique avait ete entendue avec des gendarmes en juin 2017, quand l’enquete a ete relancee. En mauvaise sante, elle n’avait gui?re ete placee en vais garder a vue, mais avait reconnu son ecriture dans des lettres anonymes envoyees au juge Simon en 1989, Afin de l’inciter a orienter son enquete par Christine, la mere de Gregory… Lors de une telle audition elle a aussi confirme continuer a croire en l’innocence de Bernard Laroche, le cousin soupconne d’avoir enleve l’enfant. Voulait-elle i nouveau couvrir quelqu’un ? Etait-ce Michel, le enfant prefere, le plus fragile aussi, celui qui pourrait avoir retarde la decouverte du corps…
Trente minutes apres la disparition de Gregory, Jacques disait avoir recu un appel du corbeau : « Je me suis venge du Chef et j’ai kidnappe le gamin. Je l’ai etrangle et je l’ai jete dans la Vologne. » Notre petit, pourtant, n’avait jamais ete etrangle. Autre bizarrerie : Michel n’avait jamais, aussi, parle une riviere, laissant des gendarmes partir par la foret et perdre un moment precieux. C’est devant l’insistance de Jean-Marie qu’il finira via lacher le commentaire « Vologne ». Jacques est decede en 2010. Sa veuve, Ginette, parle pour la premiere fois. Dame frele, agrippee a sa cigarette, elle nous recoit a la porte de sa modeste maison, non loin d’Epinal. Elle lache : « Cette histoire a gache mes ri?ves. J’y pense l’integralite des semaines. »
Gregory avait l’age de son propre fils, mais elle le voyait peu. « Avec Christine, ca n’accrochait pas. […] On avait une maison, une voiture, Lorsque l’on s’achetait 1 canape, on le payait comptant, tient-elle a preciser. On n’etait pas jaloux et on n’a pas appele Jean-Marie “le chef”. » Pourtant, quand le mari avait ete interroge, quelques temps apres le drame, voici ce qu’il expliquait : « Notre frere Jean-Marie est le plus favorise. C’est lui qui possi?de la meilleure situation. » Il continuait : « Le 14 octobre […], Jean-Marie m’a precise qu’avec le pret, il avait pu acheter sa R18, le salon i lacets et entreprendre les travaux d’extension de son garage. » Ginette laisse couler certains larmes : « J’en reve J’ai nuit, on nous a detruits… »
Au lendemain en disparition de sa belle-mere, ce 19 avril, Ginette s’est rendue au funerarium pour 1 soir hommage. Monique les a toujours defendus, cette dernii?re et le mari.
Deux autres personnages essentiels n’ont nullement ete vus : Marcel Jacob, le frere de Monique, et sa femme Jacqueline. Depuis 2017, les gendarmes defendent la these d’un crime collectif. Auraient-ils pu en etre nos participants ?
Ils etaient proches de Jacques comme de Bernard Laroche. En juin 2017, on nos a enfile en examen pour enlevement suivi de fond. Lors de sa vais garder a vue, Jacqueline avait d’abord impressionne les gendarmes en opposant a leurs centaines de questions une seule phrase : « Je garde mon droit au silence. » Cinq mois plus tard, devant la presidente une chambre d’instruction, Claire Barbier, elle finissait par se livrer pendant pres de deux heures. « Avez-vous tue Gregory Villemin ? – Non, j’etais au boulot. » Lors de votre audition, la Vosgienne de 75 annees racontait son quotidien d’ouvriere a Notre chaine, a Notre filature d’Aumontzey. Elle n’a jamais quitte la vallee d’la Vologne, ses forets somptueuses dont elle connait l’integralite des chemins, l’integralite des villages, chacune des familles avec leurs ranc?urs.
Recul au temps
La vieille dame reste restee une coriace. « En 1985, elle aurait saute de joie en apprenant l’incarceration de Christine Villemin », dit 1 avocat. On l’a accusee d’etre le corbeau… Une expertise en ecriture qui lui attribue la redaction des deux lettres anonymes de 1983 reste moins formelle dans la lettre de revendication du crime. Notre 16 octobre 1984, Jacqueline a, comme au quotidien, parcouru en voiture le petit kilometre qui separe sa maison aux murs violets de l’usine. « Il n’y avait pas de machine a pointer a l’entree de l’entreprise », observe-t-elle au cours de site de rencontre casualdates gratuit son audition. Elle se souvient d’avoir commence a 13 h votre jour-la. La juge continue de l’interroger. Elle lui explique qu’a aucun moment elle n’a quitte l’usine. « On ne pouvait nullement s’absenter. Pas trop », assure-t-elle. Une reunion syndicale a eu lieu a laquelle cette deleguee une CGT affirme avoir assiste : « Je pense qu’on a du en sortir a 17 h. » Apres, elle assure avoir repris son bricolage jusqu’a 21 h. C’est 15 minutes plus tard que la peau de Gregory etait retrouve dans la Vologne. Ce qu’elle apprendra « le lendemain avec le journal. On a ete surpris, on s’est demande “pourquoi le gamin la” ». Et elle ajoute : « Je ne connaissais jamais le gamin. » Trente-cinq annees apres la disparition de son petit-neveu, gui?re une seule fois la vieille dame ne l’appelle par le prenom.